vendredi 28 février 2014

Marlene Dietrich, "Marlène" avec l'accent

 Avant de finir sa vie à Paris en 1992, Marlene Dietrich est née Allemande, puis a été naturalisée Américaine. Son histoire avec la langue française est longue et riche.



Où a-t-elle appris  ?

Elle a suivi des cours d'anglais et de français dès l'enfance, ce qui correspond à l'éducation exigeante souhaitée par ses parents, d'un milieu social aisé (son père est un officier prussien, sa mère une riche héritière).

Opposée au régime nazi, elle quitte l'Allemagne après L'Ange bleu, son premier succès de star, pour s'installer aux États-Unis. A Hollywood, elle fait la connaissance de Jean Gabin, lui aussi exilé car il refuse de tourner en France occupée. Elle devient sa compagne. Dès 1943, ils participent chacun de leur côté à la libération de l'Europe au sein des armées alliées : Jean Gabin est chef de char, Marlene Dietrich  chanteuse, pour soutenir les troupes (elle interprète notamment Lili Marleen, qu'elle ne chantera pourtant pas en français).

Dans l'immédiat après guerre, elle tourne à Paris un film en français avec Jean Gabin, Martin Roumagnac, de Georges Lacombe.





Sa carrière internationale, ses fréquentes tournées la font se mêler aux vedettes francophones : elle est ainsi en 1952 témoin de mariage d'Edith Piaf

C'est à la fin de sa vie qu'elle s'installe définitivement à Paris, avenue Montaigne. A cette période, elle a pour ami Louis Bozon, l'animateur mythique de France Inter, à qui elle donnera sa dernière interview.

Parmi ses chansons interprétées en français, Qui peut dire où sont les fleurs et La Vie en rose (reprise de Piaf) sont sans doute les plus célèbres. Mais elle a aussi interprété des chansons de Prévert ou de Gilbert Bécaud.



Niveau estimé : ses réponses désinvoltes, voire laconiques, auxquelles s'ajoute une pose un peu absente ne permettent pas d'apprécier sa capacité à discourir. Toutefois, dans ses différentes interviews elle semble très à l'aise avec la langue française, notamment dans sa prononciation et dans son intonation, où l'accent allemand ne demeure qu'à l'état d'infime trace. Intermédiaire ++

vendredi 24 janvier 2014

Ban-Ki Moon et le français à l'ONU

Ban Ki-Moon est, depuis le 1er janvier 2007, Secrétaire général des Nations-Unies.
Au premier plan dans l'actualité mondiale, il est le plus haut fonctionnaire de l'ONU.

Dans cette vidéo, à la demande de la chaîne francophone TV5 Monde, il s'exprime en français sur la décision de sous-titrer en coréen certains programmes. Échange de bons procédés...


Comment a-t-il appris ? 

Sa position nécessite, en théorie, une maîtrise parfaite du français.

En effet, alors que six langues ont un statut officiel dans les autres organes des Nations-Unies - l'anglais, le mandarin, l'espagnol, le français, le russe et l'arabe -  l'anglais et le français sont les deux seules langues de travail du Secrétariat Général.

Ainsi, même si la procédure de nomination du Secrétaire Général ne mentionne pas la maîtrise du français comme une condition nécessaire, on constate que les sept précédents titulaires du poste - à  commencer par l’Égyptien Boutros Boutros-Ghali, diplômé de la Sorbonne et de Sciences Po - parlaient tous le français. Le français à l'ONU est, tout comme les autres langues, gages de diversité culturelle, âprement défendu par des acteurs tels que l'OIF ou certains politiques / diplomates. Et la France, en tant que membre permanent du Conseil de Sécurité, a un droit de véto lors de cette nomination...

Or, le niveau de Ban Ki-Moon lors de sa campagne pour le poste en 2006, puis au moment de sa nomination en 2007 était loin d'être jugé suffisant. Le diplomate coréen a donc pris soin de communiquer sur le fait qu'il prenait des cours et comptait bien se perfectionner...une stratégie qui a fonctionné même si ses débuts laborieux n'ont pas manqué d'être relevés dans la presse française.

Niveau estimé : ses efforts ont-ils été payants ? Ban Ki-Moon a reçu en mars 2013 la médaille Senghor, plus haute distinction de la Francophonie, décernée par l'OIF. Durant la cérémonie, les efforts de Ban Ki-Moon "à titre personnel", dans "l'approfondissement du français" ont été mis en valeur. 

Dans la réalité, le Secrétaire des Nations-Unies ne semble toujours pas à l'aise avec la langue de Senghor...si tout indique qu'il comprend les discours qu'il lui sont adressés et ceux qu'il doit prononcer, il prend rarement la parole en français de manière spontanée, même en contexte francophone et quand c'est le cas, se débrouille toujours pour passer rapidement à l'anglais (ici, au Burkina Faso). 

Dans l'extrait ci-dessus, il lit de toute évidence avec un prompteur. Il reste que la prononciation est correcte, tout-à-fait compréhensible et qu'il pose bien sa voix, ce qui produit une certaine conviction. On soupçonne donc que M. Ban Ki-Moon est meilleur qu'il ne le laisse paraître. Avec un peu d'assurance, le tour sera joué ! intermédiaire +

mercredi 15 janvier 2014

Zlatan Ibrahimovic sait-il conjuguer le verbe "zlataner" (premier groupe) ?

"Zlataner" (verbe) : être très fort, dominer, écraser un adversaire. 
Néologisme à vocation sans doute éphémère, utilisé par les médias et les commentateurs de football en référence aux performances et à l’attitude sur le terrain de Zlatan Ibrahimovic, attaquant du Paris-Saint-Germain. 

Né à Malmö en Suède, d'origine bosniaque par son père et croate par sa mère, le joueur a, comme la plupart des stars de football, évolué dans différentes équipes et donc dans différents pays au fil de sa carrière : Pays-Bas (Ajax Amsterdam, de 2001 à 2004), puis Italie (Juventus de Turin et Inter de Milan , de 2004 à 2009 , Espagne (FC Barcelone, en 2009-2010), et de nouveau Italie (Milan AC, de 2010 à 2013).

Il joue depuis juillet 2013 au Paris-Saint-Germain, pour la modique somme de neuf millions d'euros par an.

Dans cette courte interview filmée par les caméras de son équipe, on ne peut que constater ses efforts louables pour s'exprimer en français.



Où a-t-il appris ? 

Baladé de pays en pays, Zlatan est polyglotte : il parle bosnien, suédois, anglais, convenablement italien et un peu d'espagnol. De par ses origines immigrées en Suède,  il a appris dès son plus jeune âge à naviguer entre plusieurs langues et plusieurs cultures, ce qui peut expliquer une capacité et une volonté d'adaptation supérieures à la moyenne.


Niveau estimé : débutant. On ne peut pas être le plus fort partout ! Sa relative maîtrise des langues latines -italien et espagnol - peut être un atout, à condition d'éviter les confusions trop fréquentes. Et puis, Zlatan possède peut-être le plus important : l’enthousiasme, comme le montre cet autre "moment francophone" où le cafouillage  "Ici c'est Paris /Ici ci Paris" n'entame en rien l'ardeur des supporters...