vendredi 29 novembre 2013

Margaret Buckingham : le CNRS, une "liberté totale"

Le 14 novembre dernier, la chercheuse britannique Margaret Buckingham recevait la médaille d'Or du CNRS pour ses recherches en biologie moléculaire et en biologie du  développement. 

Dans cette vidéo , elle revient sur son parcours : celui d'une brillante étudiante d'Oxford, qui travaille en France depuis maintenant plus de vingt ans. 



Où a-t-elle appris ?

Vivre en France depuis 1971 vingt ans a certainement aidé.... D'abord post-doctorante à l'Institut Pasteur, elle est entrée en 1975 au CNRS, où elle est maintenant directrice de recherche.

Alors que l'on a tendance à déplorer le manque attractivité de la France et de ses laboratoires de recherche, la fin du français comme langue de publication, les commentaires de Margaret Buckingham dans l'extrait vidéo sont encourageants. Ils tendent à que le modèle français a encore beaucoup à offrir :
"La France a toujours été beaucoup plus positive à encourager les femmes qui travaillent", affirme-t-elle, en louant par ailleurs la "liberté totale" dont elle a pu disposer au CNRS, et en concluant que "beaucoup de scientifiques (...) viennent en France et sont très contents".

Le CNRS (Centre National de la Recherche Scientifique), le plus grand organisme français dédié à la recherche, fondé en 1939,  a ainsi recruté en 2011 une proportion de 31,6 chercheurs étrangers.

Niveau estimé : Sa maîtrise parfaite du vocabulaire scientifique montre qu'elle ne s'est pas contentée de vivre en France tout en menant ses recherches en anglais, mais qu'elle s'est approprié les outils linguistiques qui lui permettaient de travailler. Avancé +++


vendredi 8 novembre 2013

Maria Callas, une question de musique


Dans cette vidéo de 1970, Maria Callas parle à la télévision française du film Médée qu'elle a tourné sous la direction de Pier Paolo Pasolini.



Le chant prédispose-t-il à l'apprentissage des langues vivantes ? On peut se poser la question, surtout si l'on considère qu'en plus du français, Maria Callas maîtrisait à la perfection le grec (la langue de ses parents), l'anglais (des États-Unis, où elle est née en 1923 et où elle a grandi jusqu'en 1937) et l'italien (langue de ses débuts à l'opéra et de son premier mari, le Véronnais Giovanni Battista Meneghini). 

Où a-t-elle appris ? 

Rien de clair, la biographie de l'artiste ayant ses zones de flou, mais plusieurs éléments de réponse.

L'établissement en France : Maria Callas a passé ses dernières années en France, de 1974 à sa mort en 1977. Néanmoins, il s'agit d'une période où elle vit recluse dans son appartement parisien du 36 avenue Georges Mandel et où ses seules sorties sont des promenades avec ses chiens, qui ont toujours le même itinéraire :  rue de la Pompe, rue de Longchamp et rue des Sablons.Un mode de vie peu propice à la communication, donc...

L'artiste cosmopolite: auparavant, elle a fait de nombreux séjour à Paris, aux cours de ses tournées. Elle a rencontré des artistes, des intellectuels, des représentants de l'élite internationale de cultures et de langues différentes. Comme celle de beaucoup de grands chanteurs d'opéra, sa vie a été une vie de voyages.
Comme beaucoup de ses collègues également, Maria Callas a dû maîtriser le texte et les répliques d’œuvres écrites dans les grandes langues d'opéra que sont l'italien, l'anglais, l'allemand, le russe et...le français.


Elle représente donc, à la fois par sa profession et son l'histoire personnelle (née aux États-Unis de parents grecs, italienne par son mariage et décédée en France) un cosmopolitisme ouvert aux échanges linguistiques et artistiques.

Une vie multiple qui n'a pas été sans susciter d'inquiétudes. Elle aurait ainsi déclaré, dans ses dernières années : "Je suis une personne sans identité. Je suis née de parents Grecs, pourtant je ne me suis jamais sentie Grecque. Je suis née en Amérique, pourtant je ne suis pas Américaine. Je passé les moments cruciaux de ma carrière en Italie, j'ai épousé un Italien mais bien sûr, je ne suis pas Italienne. Maintenant, je vis de manière permanente à Paris, mais cela ne signifie pas que je me sente Française."

La francophilie grecque : Maria Callas a probablement pris des cours de français entre 1937 et 1945 en Grèce, période pendant laquelle elle effectue également l'essentiel de sa formation en chant.
Elle a en effet déclaré en 1938, lors d'une conférence de presse au Ritz à Paris "avoir appris le français bien avant l’italien".

A l'époque, apprendre le Français en Grèce n'a rien d'original. Le Français a été jusqu'au milieu du 20ème siècle la première langue étrangère apprise par les Grecs, pour ensuite reculer au profit de l'anglais. Il reste appris par 83% des collégiens, comme seconde langue vivante.  
La Grèce est membre de l’Organisation Internationale de la Francophonie.

Niveau estimé : un français posé et modulé, très agréable à écouter. Un propos nuancé et d'une grande précision grammaticale ("il faut que je choisisse", "le peu de jeunesse qui me reste", "j'avoue que cela me tenterait beaucoup") avec quelques petites imprécisions sur les relatives (choix des pronoms / construction "à l'anglaise : "elle est impossible à travailler ensemble"). Une maîtrise du lexique qui permet l'invention : "Je suis ouverte à toute tentation !" Joli ! Avancé ++

Capable de reproduire tous les airs, toutes les sonorités, dotée d'une grande mémoire, la diva aura donc sans doute appliqué ses extraordinaires dons musicaux à un domaine autre que le chant...